En octobre 2022, j’ai pris le départ du Marathon de Londres, l’un des plus prestigieux au monde. Une course que j’ai longtemps rêvé de courir, entre ambiance incroyable, émotion pure et franchissement d’un cap personnel. Voici le récit de cette aventure inoubliable, vécue dans la joie, la simplicité… et avec deux médailles autour du cou.
Le Marathon de Londres 2022 : mon expérience inoubliable
Je souhaite partager avec vous mon expérience de participation au marathon de Londres en 2022.
Préparez-vous une tasse de thé ou un petit café, j'espère que ce récit vous intéressera, d'autant plus que je considère cette expérience comme vraiment unique !
La première fois que j'ai pris part à ce marathon, c'était à l'automne 2021, en pleine période de restrictions liées au Covid. La tenue des courses venait tout juste d'être ré-autorisée, la vaccination (avec des vaccins reconnus) était une condition obligatoire, et entrer sur le territoire du Royaume-Uni n'était pas si simple pour certains pays, une quarantaine de 10 jours était exigée. Il y avait très peu de coureurs venus de Russie, à peine quelques-uns. Beaucoup ont dû "s'isoler" dix jours car le vaccin russe Spoutnik n'était pas reconnu en Europe.
J'ai couru sous le drapeau français (je possède la nationalité française et réside en Belgique), mes vaccins répondaient aux exigences d'entrée dans le pays. Mais, comme les autres marathoniens venus de l'étranger, j'ai dû franchir tous les obstacles pour pouvoir participer à ce marathon si populaire !


Mais je ne vais pas vous parler de cette édition 2021 (j'en ai déjà parlé en détail sur mon compte Instagram @irinamalinovskaia_imcrea), sinon ce compte-rendu devrait s'intituler : "Comment surmonter les restrictions Covid, se rendre en Angleterre, faire une quarantaine, obtenir un test PCR la veille de la course et enfin prendre le départ."
La deuxième fois que j'ai couru le marathon de Londres, c'était le 2 octobre 2022.
C'est précisément de cette édition que je veux vous parler.
Toutes les restrictions liées au Covid avaient été levées, et l'ambiance de la course était complètement différente : beaucoup moins de stress, et bien plus de FÊTE ! Heureusement, on pouvait oublier le cauchemar du test PCR 24h avant le départ. L'an passé, sans ce document, l'accès au sas de départ était tout simplement refusé.
Si vous me montrez une personne (non résidente du Royaume-Uni) qui a remporté un dossard par tirage au sort pour le marathon de Londres, je lui demanderai un autographe. Car gagner la loterie quand on est étranger est presque impossible : la majorité des dossards revient soit aux Britanniques, soit aux charity runners. Obtenir une place pour cette course est EXTRÊMEMENT difficile.
Le TCS London Marathon (jusqu'en 2022 appelé Virgin Money London Marathon) est considéré comme l'un des marathons les plus prestigieux au monde, et aussi l'un des plus populaires. En 2021, 35914 coureurs ont franchi la ligne d'arrivée. Ce marathon possède le label platine de la World Athletics (la plus haute distinction pour une course sur route).
Depuis 2006, le TCS London Marathon fait partie de la série des World Marathon Majors, la plus prestigieuse série de marathons du monde : Londres, Boston, Berlin, Chicago, New York, Tokyo et, depuis 2024, Sydney a rejoint cette élite.
Pour les coureurs étrangers, il existe 4 façons d'accéder au marathon de Londres :
- Par tirage au sort (loterie)
- Via une agence de voyages sportive
- Par une organisation caritative
- Et une quatrième option, dont je parlerai plus loin...
Il est aussi possible de participer à la version virtuelle (c'est une cinquième option, mais elle m'intéresse peu, car elle ne permet pas de ressentir l'ambiance unique du jour J).
Le marathon de Londres est bien connu pour ses e-mails de refus, dont l'objet en grand sur l'écran est : "Not this time / Pas cette fois".
Et ensuite : "Nous sommes désolés, vous n'avez pas été retenu(e) cette année au tirage au sort. Mais il existe d'autres moyens de nous rejoindre"...
Après plusieurs échecs à la loterie (j'ai reçu ce fameux "Not this time" plusieurs fois), j'ai commencé à envisager sérieusement de courir pour une organisation caritative.
"Il faut tenter via un organisme solidaire, sinon je vais attendre l'invitation jusqu'à la retraite !", me suis-je dit. À ce moment-là, javais déjà plus de 50 ans lorsque j'ai déposé ma première candidature à la loterie et l'idée d'attendre dix années supplémentaires ne m'enchantait pas.
Mon parcours vers le championnat du monde AbbottWMM et... les ponts
Je me souviens des années 2018 et 2019... J'ai participé à de nombreuses courses. Grâce à de bons résultats sur marathon et semi-marathon (je courais le marathon en moins de 3h20), j'ai pu me qualifier facilement pour plusieurs World Marathon Majors en tant que "fast runner" : New York, Berlin, Chicago, Boston Mais Londres, rien à faire impossible d'y entrer.
Début 2020, j'ai commencé à me renseigner sérieusement sur les organisations caritatives et les procédures pour participer en tant que charity runner au marathon de Londres.
Et puis, la pandémie est arrivée.
Les courses ont été annulées les unes après les autres. Tokyo, Boston (je devais courir Boston le 20 avril), Londres... Le marathon de Londres a d'abord été reporté à octobre, puis annulé - remplacé par une version virtuelle. L'élite a tout de même couru, mais sans public.
Le rêve de courir le marathon de Londres s'éloignait encore un peu plus...
Moi, les ponts et les marathons
Une petite parenthèse pour parler un peu de moi.
J'aime passionnément la course à pied et les compétitions. Je cours beaucoup, souvent, et surtout des marathons internationaux de grande envergure. En 2022, j’avais déjà couru quatre marathons de la série World Marathon Majors, et le 6 novembre, j’ai pris le départ de mon cinquième : le marathon de New York. En 2018, lors de ma première participation à cette course, le célèbre pont Queensboro Bridge, redouté par de nombreux coureurs, ne m’avait pas semblé si terrible. Et cette année encore, en 2022, j’ai pris beaucoup de plaisir à le traverser — c’est un passage que j’apprécie vraiment.
En fait, les beaux ponts, c'est ma deuxième passion. La première, vous lavez compris : ce sont les marathons.
Courir un marathon sur de magnifiques ponts, c'est du bonheur pur. Pour moi, en tout cas.
J'ai participé à de nombreuses courses (marathons et semi-marathons) sur les plus beaux ponts du monde, mais ceux qui mont le plus marquée sont :
- Le Golden Gate Bridge à San Francisco (USA)
- Le Pont du 25 Avril à Lisbonne (Portugal)
- Le Pont de Brooklyn à New York (USA)
- Le Harbour Bridge à Sydney (Australie)
- Le pont Charles (Karlův most) à Prague (la République tchèque)
Mais je ne vais pas trop m'éloigner du sujet (je vous rappelle que cet article parle du marathon de Londres), alors je vais vous le dire franchement : Le Tower Bridge de Londres remporte la palme de la beauté et de l'émotion!
Courir à Londres sur ce pont emblématique a longtemps été un rêve pour moi. Et ce rêve, je l'ai réalisé.
Le Championnat du Monde AbbottWMM, deux marathons et une folle saison
Fin 2019, j'ai créé un compte sur le site Abbott World Marathon Majors en tant qu'athlète par groupe d'âge. Les coureurs âgés de 40 ans et plus peuvent y cumuler des points de classement dans leur catégorie, en courant l'un des 200+ marathons qualifiants dans le monde.
Puis est arrivée la pandémie, et l'annulation en cascade des courses comme je lai raconté plus haut.
Début 2021, je reçois un e-mail : "Chère Irina, Félicitations ! Nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez obtenu une invitation pour le Championnat du Monde AbbottWMM Wanda dans votre catégorie d'âge ! Ce championnat se tiendra dans le cadre du marathon de Londres, le 3 octobre 2021."
Comment fonctionne ce championnat ?
Le classement mondial AbbottWMM est divisé en 9 groupes d'âge : 40-44, 45-49, 50-54, 55-59, 60-64, 65-69, 70-74, 75-79 et 80+.
Les coureurs ont un an pour participer à un ou plusieurs marathons labellisés, et cumuler des points. À la fin de la période, les meilleurs de chaque groupe reçoivent une invitation officielle au Championnat du Monde.
En 2020, je figurais dans le top 10 de ma catégorie, donc l'invitation ne ma pas vraiment surprise (je courais encore assez vite à l'époque).
C'est ainsi que j'ai pris part au tout premier Championnat du Monde des groupes d'âge, qui a eu lieu dans le cadre du marathon de Londres, le 3 octobre 2021.
Résultat : en 2021, j'ai couru le championnat ET le marathon et reçu deux médailles !
Retour à Londres, version 2022
En 2022, la situation sanitaire s'était largement améliorée. Voyager vers le Royaume-Uni était bien plus simple.
Et là surprise ! Le deuxième championnat du monde AbbottWMM se tenait encore une fois à Londres, et j'ai reçu une nouvelle invitation.
Bien sûr, j'ai accepté (comment refuser ?).
Mais j'avais déjà prévu de courir Berlin et Chicago à l'automne. Il a donc fallu revoir mes plans d'entraînement et toute mon organisation.
Oui, courir trois marathons en 15 jours est une forme de folie. Mais j'assume : je les ai tous faits ! :)
Je les ai courus moins vite que d'habitude, mais avec des résultats tout à fait honorables pour mon âge :
- Berlin 3h38 (25 septembre)
- Londres 3h45 (2 octobre)
- Chicago 3h44 (9 octobre)
Le voyage, l'Expo et l'ambiance à Londres
En 2022, j'ai choisi de me rendre à Londres en train avec Eurostar. Deux heures de trajet, dans un train propre et confortable, et j'étais arrivée !
La gare de St-Pancras est le terminus des trains à grande vitesse Eurostar reliant Londres à Paris, Bruxelles et Lille. C'est à cette gare que je suis arrivée depuis Bruxelles.
Un endroit magnifique et très animé. Il y a des cafés, des petits restos, des boutiques de souvenirs, de vêtements, même des supermarchés. Si vous êtes fan de Harry Potter, vous aimerez certainement voir le St-Pancras Renaissance Hotel - ce bâtiment néogothique a été utilisé dans les films comme façade de la gare Kings Cross.


L'Expo du marathon, au centre ExCeL
Le lendemain, direction l'Expo du marathon pour récupérer mon dossard.
Comme l'année précédente, l'événement avait lieu dans le centre d'exposition ExCeL, qui avait aussi accueilli le sommet du G20 en 2009.
À mon avis, l'Expo du marathon de Londres est bien plus intéressante et bien mieux organisée que celle de Chicago, par exemple. J'ai tellement aimé que j'y suis même retournée une deuxième fois !


Vêtements, shopping... et tentations
La collection officielle New Balance était magnifique - difficile de ne pas craquer ! L'aménagement du stand était tellement réussi qu'on avait envie d'acheter quelque chose même si ce n'était pas prévu.
Pour les accros du shopping comme moi, c'était un vrai piège :)
J'ai aussi adoré :
- Les nombreuses zones photo pour immortaliser l'événement
- Les bénévoles adorables qui proposaient spontanément de vous prendre en photo ou vidéo
- Les stands avec produits vegan (je suis vegan runner) : j'ai par exemple acheté des barres petit-déjeuner délicieuses
Le matin de la course, j'ai mangé l'une de ces barres, appelée Breakfast Bar et elle ma vraiment plu !
Il y avait aussi des cafés cosy, des stands de matériel, des accessoires, de la nutrition sportive, des compléments alimentaires, des masseurs, etc. Bref, comme dans tout grand salon mais en dix fois mieux ! C'est peut-être l'un des plus grands et mieux organisés Expo parmi tous les marathons que j'ai faits.


Organisation : 20/20, sans hésiter !
Bien sûr, j'ai récupéré mon dossard ou plutôt deux dossards avec puces : un pour le Championnat (avec ma catégorie 55-59 ans), et un pour le marathon en lui-même.
Une gardienne mémorable
Je me souviens d'une chienne de sécurité à l'entrée, avec un regard doux et intelligent. Sa mission : empêcher toute entrée de personnes portant des explosifs. Elle s'est laissée caresser avec gentillesse. Un moment simple, mais marquant.


Autre détail sympa : il y avait beaucoup de gens portant des vêtements du marathon de Berlin, couru la semaine précédente. Moi aussi j'en portais, car j'avais couru Berlin.
La veille, le départ et le Marathon de Londres
La veille de la course, j'ai couru une petite sortie de décrassage dans Regents Park un très joli parc royal au nord-ouest de Londres. Il y a un canal bordé de bateaux colorés, des sentiers agréables et de nombreux coureurs à toute heure de la journée. L'endroit est vraiment idéal pour les joggeurs et j'y ai croisé plusieurs participants au marathon.
Le matin de la course j'ai pris un train de banlieue vers 7 h 15 pour rejoindre la zone de départ. Il y avait des centaines de coureurs dans le wagon. Tous en tenue, concentrés, certains très souriants, d'autres très silencieux.
Ce qui ma frappée, c'est à quel point les Anglais savent faire la fête avec élégance. Beaucoup de coureurs portaient des déguisements fous, mais aussi des messages touchants : "I run for my dad", "In memory of my sister", "For my son".
Certains d'entre eux allaient mettre plus de 6 heures pour terminer la course. Et pourtant, ils y allaient avec le sourire et le cœur.
La ligne de départ
Le départ est divisé en trois zones principales : Red Start, Blue Start et Green Start. Cette année, j'étais dans le Green Start, réservé aux coureurs du Championnat AbbottWMM par catégorie d'âge.
L'ambiance était calme, détendue.... Chacun avait une zone d'échauffement, des toilettes, un espace pour déposer son sac, et des bénévoles incroyablement souriants.
Je portais deux dossards : un pour la course officielle et un second pour le championnat.
L'ambiance incroyable du parcours
À Londres, l'ambiance est tout simplement extraordinaire. Il y a des spectateurs sur TOUT le parcours. À chaque mètre. Pendant toute la course. Je n'exagère pas.
C'est comme si toute la ville était sortie pour encourager les coureurs.
Des pancartes rigolotes, des groupes de musique live, des familles entières... À un moment, j'ai même vu une femme avec une petite fille sur les épaules qui criait : "GO IRINA!" (javais mon prénom sur le dossard). Ce moment m'a donné un énorme boost d'énergie !
Le passage sur Tower Bridge
Et bien sûr, le moment le plus marquant pour moi : le passage sur Tower Bridge, aux environs du 20e kilomètre. C'était mon rêve depuis des années, et j'ai presque pleuré d'émotion en le franchissant.
La structure, les drapeaux, les cris de la foule... Je n'ai pas vu les kilomètres passer. Tout était magique.
La fin de course, l'arrivée et les larmes
Je n'ai pas regardé ma montre pendant toute la course. Je courais au feeling, à mon rythme, sans pression, en me concentrant uniquement sur mes sensations.
Je voulais simplement profiter, ne pas me blesser, vivre l'instant. L'émotion était très forte, l'ambiance incroyable et puis soudain, le dernier virage.
Je me souviens parfaitement du moment où j'ai vu la ligne d'arrivée au loin.
Il y avait une arche rouge, une foule compacte, et cette voix dans le haut-parleur : "Congratulations! You are about to finish the TCS London Marathon!"
Et là j'ai fondu en larmes.
Deux médailles autour du cou
Après l'arrivée, on ma remis deux médailles :
- Une pour avoir terminé le marathon de Londres
- Une autre pour ma participation au Championnat du Monde AbbottWMM dans ma catégorie d'âge
J'étais épuisée mais tellement heureuse. J'ai marché un peu, bu de l'eau, puis me suis assise par terre. Je suis restée là, dans un coin tranquille, entourée de centaines d'autres coureurs - chacun vivant son propre moment de victoire.
C'était l'une des expériences les plus puissantes et les plus humaines que j'ai vécues grâce à la course à pied.


Et après ?
J'ai pris quelques photos, envoyé des messages à mes proches, puis j'ai marché encore un peu. Le retour jusqu'à la station de métro ma semblé long mais mon cœur était léger.
Classement, réflexions et bilan personnel
Je n'ai pas couru ce marathon à mon allure maximale. Javais décidé, dès le départ, de ne pas me fixer d'objectif chronométrique. Et pourtant, malgré la fatigue (j'avais couru Berlin une semaine avant), j'ai terminé en 3h45 ce qui reste un très bon résultat pour moi.
Mon classement officiel :
- 84e sur 1280 dans ma catégorie d'âge (Femmes 55-59 ans)
- 1943e sur 16893 femmes
- 8967e au classement général sur +40000 coureurs
Ce que je retiens
Participer à ce marathon a été pour moi une source de joie pure, de fierté personnelle, mais aussi de gratitude.
Je n'avais aucune attente chronométrique, et pourtant tout s'est parfaitement enchaîné : le voyage, l'ambiance, la forme le jour J, les émotions sur le parcours... J'ai écouté mon corps, couru à l'intuition, et j'ai pris plaisir à chaque kilomètre.
C'est exactement cela, le vrai sens du marathon, au-delà du chrono : vivre l'instant, profiter du chemin, et franchir la ligne avec le cœur léger.
Ce que je veux dire à ceux qui me lisent
- Oui, vous pouvez courir un marathon après 40, 50, 60 ans.
- Oui, vous pouvez progresser même en partant de zéro.
- Oui, vous pouvez vivre une aventure inoubliable, quel que soit votre niveau.
Il n'est jamais trop tard pour se lancer.
Il n'est jamais trop tard pour se prouver quelque chose à soi-même.
Merci
Merci à Londres, à tous les bénévoles, à tous les coureurs croisés sur la route. Et merci à vous qui avez lu ce récit jusqu'au bout. J'espère qu'il vous aura inspiré ou donné envie, un jour, de vivre votre propre marathon.